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Le gouvernement britannique a promis lundi d'assouplir ses réglementations pour favoriser les investissements étrangers, lors d'un sommet réunissant des dizaines de PDG pour l'instant dans l'attente face à la politique des travaillistes après trois mois au pouvoir.
"Je suis déterminé à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour galvaniser la croissance. Je suis déterminé à faire de ce pays l'économie qui connaît la plus forte croissance du G7", a lancé le Premier ministre Keir Starmer en ouverture de ce sommet, où des milliards d'investissements sont attendus.
"C'est le moment de soutenir la Grande-Bretagne", a-t-il insisté.
Les travaillistes, dont la popularité s'est effondrée depuis leur arrivée au pouvoir en juillet, misent sur ce sommet pour raffermir leurs relations avec les entreprises, après 14 ans de gouvernements conservateurs marqués par le Brexit, mais aussi les rassurer sur leur positionnement "pro-business".
"Nous poursuivons une ambition commune: la croissance. Vous devez faire grandir votre entreprise et je dois faire croître mon pays", a résumé le Premier ministre.
Côté pile, il promet de "se débarrasser des réglementations qui freinent inutilement les investissements", quand elles "empêchent de construire des logements, des data centers, des entrepôts, des routes, des lignes de chemin de fer, et j'en passe".
Côté face, les entreprises sont refroidies par un projet de loi renforçant sensiblement les droits des travailleurs dans le pays et de probables hausses d'impôts lors du budget fin octobre, en particulier sur les revenus du capital.
- Seconds couteaux -
Ces préoccupations expliquent, au moins en partie, pourquoi le gouvernement a eu toutes les peines du monde à attirer au sommet des figures internationales, devant se contenter pour l'essentiel de PDG britanniques ou des seconds couteaux des multinationales.
Des investissements à plusieurs milliards de livres doivent cependant être annoncés lundi et dans les prochains jours, selon Downing Street, notamment dans l'intelligence artificielle ou dans les infrastructures.
Un investissement de 1,1 milliard de livres (1,3 milliards d'euros) de Manchester Airports Group pour agrandir et rénover l'aéroport londonien de Stansted a déjà été annoncé dans la matinée, ainsi qu'un autre de 279 millions de livres (333 millions d'euros) du laboratoire américain Eli Lilly dans le cadre d'un partenariat avec le gouvernement.
Une annonce du fonds d'investissement australien Macquarie était aussi attendue dans les secteurs de l'énergie, de l'eau, du transport, du traitement des déchets ou dans les centres de données.
La réputation de Macquarie a toutefois souffert récemment au Royaume-Uni: l'ancien propriétaire de Thames Water, plus grande compagnie des eaux du pays, est accusé par ses détracteurs de l'avoir si lourdement endettée qu'un plan de sauvetage du gouvernement est évoqué comme une possibilité depuis des mois.
- Psychodrame -
Ces investissements s'ajouteront aux 24 milliards de livres (28,6 milliards d'euros) annoncés la semaine dernière dans l'énergie décarbonée, dont 12 milliards du géant espagnol Iberdrola et 8 milliards du Danois Orsted.
Ils constituent "un vote de confiance dans le Royaume-Uni et dans la stabilité que ce gouvernement a ramenée dans l'économie", veut croire, dans une tribune au Times, la ministre des l'Economie, Rachel Reeves, qui doit s'exprimer en fin de journée.
Un investissement d'un milliard est également attendu de la part de l'exploitant portuaire DP World, basé à Dubaï.
Le groupe aurait renoncé un temps, provoquant un psychodrame durant tout le week-end, après des critiques émises la semaine passée par deux ministres contre l'une de ses filiales, qui avait brutalement licencié 800 employés en 2022.
Keir Starmer a dû déclarer qu'il ne s'agissait pas du point de vue du gouvernement et DP World est finalement présent.
En fin de journée, les participants seront invités à une réception de clôture à la cathédrale Saint Paul où sera présent le roi Charles III.