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Acclamé par les eurodéputés, applaudi par les dirigeants des Vingt-Sept réunis en sommet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a bouclé jeudi une visite européenne à Bruxelles au cours de laquelle il a réclamé des réponses concrètes à sa demande d'avions de combat.
Les Européens ont pour l'instant refusé de s'engager sur les aéronefs demandés par l'Ukraine. Le chef de l'Etat ukrainien a toutefois évoqué "des signaux positifs". "Nous voulons obtenir ces avions dont nous avons besoin et il y a des accords qui (...) ne sont pas publics", a-t-il assuré au cours d'une conférence de presse, sans plus de précisions.
"Je ne peux tout simplement pas rentrer à la maison sans résultats", a martelé le dirigeant ukrainien, qui a eu une série d'entretiens avec les Etats membres répartis par groupes.
Après plus de huit heures passées au sein des institutions européennes, il a quitté le sommet en début de soirée pour le palais royal, où il a été reçu par le roi des Belges, Philippe.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré que les Vingt-Sept étaient "convaincus de l'urgence" d'agir face aux avancées de l'armée russe, un an après le début de l'invasion de l'Ukraine, mais n'a pas parlé d'avions.
"Nous ne défendons pas que notre territoire, nous défendons notre maison européenne", a plaidé Volodymyr Zelensky qui a remercié les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'UE de leur "soutien sans faille".
- Poignée de main avec Orban -
Ces derniers l'ont applaudi lors de la traditionnelle photo de famille, à l'exception du Hongrois Viktor Orban, qui entretient une position ambiguë sur la guerre en Ukraine. "A la place d'un applaudissement, une poignée de mains", a tweeté dans la soirée le directeur politique du Premier ministre nationaliste, photo à l'appui.
Dans la matinée, Volodymyr Zelensky a été accueilli par les eurodéputés qui lui ont réservé une ovation debout. La main sur le coeur, il a écouté l'hymne ukrainien aux côtés de la présidente du Parlement, Roberta Metsola, qui a salué "une journée historique pour l'Europe".
L'Union européenne et ses Etats membres évaluent à "au moins" 67 milliards d'euros leur soutien militaire, financier et humanitaire à Kiev depuis le début du conflit le 24 février 2022.
M. Zelensky avait entamé mercredi sa mini-tournée européenne, son deuxième déplacement à l'étranger depuis le déclenchement par la Russie de la guerre il y a presque un an. Il s'était rendu aux Etats-Unis en décembre.
"Après Washington, il était essentiel pour les Européens de recevoir Zelensky à Bruxelles. Le détour par Londres et Paris affiche Zelensky aux côtés des seules puissances nucléaires du continent", a relevé Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques Delors.
L'Ukraine s'inquiète des récents succès de l'armée russe dans le Donbass et craint une offensive d'ampleur dans les prochaines semaines.
- "Livraisons utiles" -
Reçu à Londres mercredi par le Premier ministre Rishi Sunak et le roi Charles III, le président ukrainien avait été ensuite accueilli à Paris par son homologue français Emmanuel Macron en présence du chancelier allemand Olaf Scholz pour un dîner tardif à l'Elysée.
MM. Macron et Scholz ont pour l'instant temporisé sur les avions.
Des avions de chasse réclamés par l'Ukraine ne pourront "en aucun cas" être livrés "dans les semaines qui viennent", a affirmé M. Macron devant la presse dans la nuit de jeudi à vendredi, assurant privilégier des armes "plus utiles" et "plus rapides".
"Je n'exclus absolument rien", a ajouté le président français, mais "ça ne correspond pas aujourd'hui aux besoins".
"Vous avez demandé des armes, y compris des (avions de chasse) MiG-29 pour protéger votre ciel et votre peuple. Je vais m'y atteler. La Slovaquie est avec vous", a en revanche tweeté le Premier ministre slovaque Eduard Heger.
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré que son pays "ne sera pas le premier à livrer des avions de combat" mais répondrait "positivement" si d'autres ouvraient la voie.
A Londres, Rishi Sunak a promis de former des pilotes de chasse "aux normes de l'Otan" et demandé à l'armée britannique d'étudier de possibles livraisons d'avions, soulignant que cette solution n'était envisageable qu'à "long terme".
Les Occidentaux se montrent réticents, craignant une escalade avec Moscou.
Mais des tabous sont tombés depuis un an et les soutiens de Kiev ont déjà accepté en janvier de fournir des chars lourds.
Un porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a mis en garde contre "un engagement croissant de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la France dans le conflit". "La frontière entre engagement indirect et direct disparaît peu à peu. On ne peut que le regretter", a-t-il dit.
Le président ukrainien a par ailleurs réitéré à Bruxelles le souhait que son pays, qui a obtenu en juin le statut de candidat à l'UE, puisse entamer des négociations d'adhésion cette année.
Charles Michel et Ursula von der Leyen ont souligné les progrès "impressionnants" de l'Ukraine dans la mise en oeuvre de réformes, tout en reconnaissant que la route vers l'intégration serait longue et difficile.