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La délivrance des permis de construire, un des baromètres de la construction neuve, a chuté en 2023 en France, une tendance qui laisse peu d'espoir au secteur immobilier de sortir rapidement de la crise, malgré les annonces du Premier ministre mardi.
Selon les chiffres provisoires publiés par le ministère de la Transition écologique, le nombre des autorisations de permis de construire s'est établi à 373.100 l'an dernier, en recul de 23,7% par rapport à 2022.
Seul petit rayon de soleil dans le morne paysage des statistiques de la construction, le mois de décembre s'est traduit par une hausse de 12% des permis délivrés par rapport à novembre, à 33.700, tirée par la hausse des logements collectifs et en résidence (étudiants, seniors...).
Mais 115.900 permis ont été délivrés en moins sur l'ensemble de l'année 2023 et toutes les régions sont concernées par cette tendance baissière.
"Le chiffre du mois de décembre est une bonne nouvelle mais n'est pas significatif. Nous continuons à voir que ça continue à baisser et que ça ne va pas repartir", a réagi auprès de l'AFP Pascal Boulanger, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
"Même nous les promoteurs, on dépose de moins en moins de permis de construire parce qu'on cherche d'abord à écouler le stock de ce qu'on a en production, comme on vend beaucoup moins vite", a-t-il ajouté.
Pour s'attaquer à la crise, le Premier ministre Gabriel Attal a proposé mardi un "choc d'offre" visant à "simplifier massivement les normes", "faciliter la densification" mais aussi à "accélérer les procédures", notamment dans "vingt territoires" où seront construits 30.000 logements en trois ans.
"Il n'y a pas de volonté réelle de faire du logement une priorité", a toutefois réagi Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), estimant que le gouvernement "n'a pas de feuille de route claire ni de moyens concrets".
- "Plus bas historiques" -
Les mauvaises performances du neuf touchent aussi le nombre des mises en chantier, qui suit traditionnellement de quelques mois celui des permis et a reculé de 22% sur un an, a précisé le ministère, avec 287.100 logements.
Comme pour les permis, cet indicateur se redresse aussi en décembre (+22%) par rapport à novembre, avec 26.900 logements.
"Le marché retombe à proximité de ses plus bas historiques de 1992-1993 (275.000 mises en chantier)", a averti en décembre la Fédération française du bâtiment (FFB), prévoyant une récession de 5% en 2024.
"On glisse vers la pente dangereuse de la non livraison de logements pour les besoins de la population française", a déclaré mardi son président Olivier Salleron à l'AFP.
"Si la tendance s'affirme, mais ce sera le cas, on va construire moins de 250.000 logements à la fin 2024, ce qui est deux fois moins que ce qu'il faudrait. On creuse le déficit d'année en année", a-t-il ajouté.
Sur l'ensemble de l'année 2023, les permis de construire délivrés pour les maisons ont chuté de 29%. Il en va de même des mises en chantier de maisons (-25,2%), avec 121.200 logements commencés, "le plus bas niveau enregistré depuis 2000", selon le ministère.
Les permis délivrés pour des logements collectifs ou en résidence baissent aussi de 20,2% sur un an, de même que les mises en chantier (-19,5%).
Ces chiffres sont à rapporter au record de délivrances de permis atteint en 2022 après un afflux de demandes de permis fin 2021, et avant l'entrée en vigueur d'une réglementation environnementale (RE2020) plus ambitieuse pour la construction neuve.
Mais depuis août 2022, le nombre de permis délivrés chaque mois s'était stabilisé à seulement 30.000 par mois.
Ces statistiques sont surtout le reflet d'une profonde crise de la construction comme de l'ensemble de la filière du logement, en raison d'une chute de la demande liée au resserrement drastique des conditions d'emprunt, du désintérêt des investisseurs pour l'investissement locatif, jugé moins rentable, mais aussi de la hausse des coûts de construction et des prix du foncier.