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"Merci de nous avoir fait rêver": sur les Champs-Elysées, les amoureux du 7e art ont fait leurs adieux lors d'une dernière séance à l'UGC Normandie, qui ferme ses portes jeudi après 90 années d'existence.
"Le principal, c'est de faire de cette fermeture un moment inoubliable et d'optimisme parce que le cinéma ne s'arrête pas ce soir", affirme à l'AFP Romain Domec, directeur du cinéma l'UGC Normandie, depuis 50 ans sous la bannière UGC.
Pour sa dernière séance mercredi soir, le cinéma a choisi de projeter "La La Land", avec Emma Stone et Ryan Gosling. Un "film joyeux" qui "incarne une vision d'Hollywood chantante et dansante", selon le directeur.
Le réalisateur Damien Chazelle a réservé une surprise aux spectateurs et est apparu sur grand écran avant la projection du film, devant une salle comble.
A la fin, les applaudissements ont résonné pendant de longues minutes avant que le rideau ne se referme, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des messages de remerciements ont défilé sur les écrans géants.
"Il y aura un sentiment de gueule de bois quand on n'aura plus cet endroit", avance Denis Ambrois, 60 ans, pour qui ce cinéma était son "préféré depuis l'adolescence".
A l'extérieur de ce temple du 7e art qui a accueilli de prestigieuses avant-premières, des spectateurs immortalisent une dernière fois sa devanture.
"Aujourd'hui (ce cinéma) disparait dans des circonstances un peu terribles pour toute la culture", déplore Yann Raffin, 22 ans, désormais ex-agent d'accueil à l'UGC Normandie, qui dit ressentir "de la tristesse" mais aussi "de la colère".
"Aujourd'hui on voit que cette avenue se transforme en une avenue réservée aux ultra-riches", regrette-t-il.
Cette fermeture est due à la chute de la fréquentation des cinémas sur les Champs-Elysées causée par "l'évolution touristique et événementielle" de cette célèbre avenue, qui aurait ainsi provoqué "une très forte augmentation des loyers", indiquait UGC en avril.
- Vente aux enchères -
Depuis le 1er mai, l'UGC Normandie organisait une série d'évènements avant de dire au revoir, dont des concerts et la projection de classiques.
Une vente aux enchères des fauteuils et des plaques de cette salle aura lieu jeudi. Les lettres composant le nom du cinéma sur la façade seront également mises en vente et le tout sera reversé à l'association Rêve de cinéma, qui organise des projections pour des enfants hospitalisés.
"Cette salle a été une excroissance de ma propre vie (...) ça a été une amie et une alliée", raconte Mehdi Omaïs, 40 ans, journaliste cinéma, visiblement ému. "C'est un crève-cœur de la voir fermer et de voir cette avenue qui devient un cimetière de cinémas."
Après un âge d'or dans les années 60 et 70, quand les Champs-Elysées étaient le rendez-vous des cinéphiles, les salles obscures ont progressivement disparu de l'avenue.
Fin 2023, un autre cinéma des Champs-Elysées, le Gaumont Marignan, a fermé ses portes. Le George V, situé sur la même avenue, avait quant à lui cessé son activité en juin 2020.
Plusieurs ouvertures sont toutefois attendues dans d'autres quartiers, dont un imposant projet de Pathé à Opéra, dessiné par l'architecte Renzo Piano.
Une nouvelle salle devrait également voir le jour dans le nord de Paris, boulevard Ney, selon Michel Gomez, délégué de la mission cinéma de la Ville de Paris. La Géode dans l'est parisien, ainsi que La Pagode, le plus ancien cinéma d'art et essai de la capitale, doivent également rouvrir.