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C'est la mesure-phare décidée hier par le Conseil National de Sécurité (CNS). Les restaurants et cafés devront désormais demander à leurs clients de laisser leurs coordonnées afin de pouvoir être joints en cas de traçage des contacts qu'aura eus une personne contaminée qui serait entrée dans leur établissement. Pour les patrons et le personnel, il s'agira d'une nouvelle tâche qui s'ajoutera aux tâches et dispositions qui sont déjà réclamées par le guide des bonnes pratiques, ce qui n'enchante guère le responsable de la célèbre brasserie du centre ville bruxellois, "La Mort Subite". S'il estime qu'il n'y a pas à s'opposer à cette nouvelle règle, il fait remarquer que "ça ne va pas être facile. On a déjà beaucoup de petites tâches au quotidien. Au final, on passe plus de temps à nettoyer la table qu'à s'occuper du client lui-même. On a déjà très très peu de clients dans le centre de Bruxelles, si en plus on doit se séparer du peu qu'on a, autant s'arrêter", soupirait-il ce matin dans la matinale de Bel RTL.
Protection des données
L'homme soulève aussi la question de la protection des données. "Il y a une grosse question RGPD (nouvelle règlementation européenne sur la protection des données personnelles). Si un client ne veut pas livrer ses données, qu'est-ce qu'on fait ? On le met dehors ?", a-t-il demandé.
"Le RGPD au niveau européen, de même qu'une loi belge, imposent certaines conditions pour collecter des données personnelles. Une des contions importantes est d'avoir une base légale. Cette base légale n'existe pas encore. On pourrait éventuellement utiliser le consentement comme base légale. Mais ça voudrait dire aussi que les personnes sont libres de refuser de livrer leurs données", commente un avocat spécialisé au micro de notre journaliste Vincent Chevalier. On peut supposer que dans un futur très proche, un arrêté royal apportera la base légale nécessaire.
L'Autorité de Protection des données déclare que la collecte des données devra être très transparente et qu'il soit clairement spécifier à quelles fins seront utilisées ces données et combien de temps elles pourront être gardées. Des questions auxquelles la Première ministre a déjà apporté des réponses hier lors de la conférence de presse du CNS. Ces données seront susceptible d'être consultées par le service de traçage pour appeler les personnes qui se seraient retrouvées au même endroit qu'une personne contaminée. La période de conservation des données sera de 14 jours, soit le temps durant lequel une personne qui a été en contact avec une personne contaminée peut commencer à développer les symptômes de la maladie Covid-19.
La société Atos qui à la monopole des appareils de paiement électronique est tout à fait capable de donner aux autorités les information de traçage à la seconde près
Autre solution proposée par un patron d'horeca: les données de paiement électronique
Ce matin, via notre bouton orange Alertez-nous, le patron d'un autre établissement horeca de la capitale, proposait lui de s'appuyer sur les paiements électroniques pour identifier les clients à un moment donné. "Tous les clients paient avec carte (Bancontact, Visa, chèques repas, etc.). La société Atos qui a le monopole des appareils est tout à fait capable de donner aux autorités les informations de traçage à la seconde près. Cette société connait l'identité du client et celle du commerçant. Pourquoi ne pas utiliser cette solution plutôt que de mettre le commerçant en porte à faux vis-à-vis des autorités et de sa clientèle ? Sommes nous des policiers assermentés ? Avons-nous le droit de faire respecter les consignes au risque de se faire "tutoyer" voire "agresser"", écrivait-il.