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Coronavirus: la Première ministre répond aux questions dans l'édition spéciale de la Matinale de Bel RTL

Sophie Wilmès, la Première ministre, était invitée dans l'édition spéciale de la Matinale de Bel RTL consacrée aux mesures annoncées hier soir pour contenir la propagation du coronavirus en Belgique. Elle a répondu aux questions de Fabrice Grosfilley, ainsi qu'aux questions des auditeurs.

Fermer les écoles, les restaurants, les cafés, c'était nécessaire ?

"C'était absolument nécessaire, depuis le début de la gestion de la crise, nous sommes entourés de scientifiques qui nous conseillent jour après jour, heure après heure puis-je même dire, et c'est sur base de leurs recommandations que nous avons chaque fois pris des décisions. Hier matin, nous avons eu écho d'une évolution de la situation, c'est pour ça qu'on a tout de suite réuni le "Risk Management Group", le conseil national de sécurité, pour pouvoir prendre les décisions sur base des recommandations des scientifiques. Ceux-ci nous ont dit hier, c'est le moment de prendre des décisions importantes pour protéger la population".

Ça veut dire que la situation a changé? Vous étiez dans ce studio il y a deux jours, et il y a deux jours, on ne parlait pas encore de ce type de mesures, ça veut dire qu'on est monté d'un cran, que les chiffres qu'on donne, de nombre de personnes infectées, jour par jour, ne correspondent pas vraiment à la réalité ? Que la maladie est plus répandue qu'elle ne l'est maintenant, dans une autre phase de propagation, c'est pour ça qu'on est monté d'un cran ?

"Les chiffres que l'on donne sont des vrais chiffres, c'est la première chose à dire. Ce sont les vrais chiffres constatés qu'on donne tous les jours. On sait qu'on ne dépiste pas tout le monde, et que dès lors, la réalité est plus importante. Ce qu'on regarde aussi, c'est l'afflux dans les hôpitaux, on regarde aussi dans le nombre de personnes testées, le nombre de personnes positives. C'est une équation avec différentes variables, qui est suivie avec des experts, des virologues importants, qui nous disent, attention, nous sommes en train de changer d'angle de courbe et c'est précisément maintenant que nous devons prendre les décisions".

On peut estimer que ces mesures, qui sont spectaculaires, c'est un coup d'arrêt à l'augmentation de la propagation du virus, et qu'elles vont être valables pendant un certain temps ? Ce qui veut dire qu'on n'est pas obligé de revenir demain avec de nouvelles mesures ?

"La première chose, c'est que le virus, on ne l'arrêtera pas. Mais on veut ralentir la propagation du virus, pour ne pas saturer les services de santé, qui vont devoir agir. C'est vraiment ce sur quoi nous travaillons, ça reste l'objectif numéro 1 de ce qu'on appelle la phase 2. Si vous prenez suffisamment à temps des mesures adéquates pour éviter cette saturation, vous espérez ne pas de voir en prendre de supplémentaires dans l'avenir. Nous continuons évidemment à suivre l'évolution de la propagation du virus et de ses conséquences, au jour le jour, heure après heure, et donc évidemment au fur et à mesure, nous adapterons si nécessaire, mais les scientifiques nous disent que les dispositions qu'on a prises sont normalement de nature à répondre à la problématique".

Il y a une mesure qui fait très mal économiquement, c'est la fermeture des restaurants et des cafés. On sait que vous avez déjà accordé des facilités de paiement comme le report de la TVA, des cotisations sociales, est-ce que vous pourrez faire plus pour ce secteur-là ? Pour soutenir les restaurateurs et les cafetiers qui nous écrivent beaucoup ce matin, et qui nous disent qu'ils sont quand même très inquiets ?

"Je comprends qu'il y ait une inquiétude, je dirais que notre première priorité, c'est la santé de la population, et quand on pense à la santé de la population, on pense aussi à la santé des travailleurs. Deuxièmement, c'est vrai que les mesures prises sont assez importantes, on le souligne, nécessaires, elles sont aussi praticables. Et on se dit aussi que si on les prend maintenant, on ne sera pas dans des situations catastrophiques, on l'espère, comme dans d'autres pays, où l'impact économique est aussi beaucoup plus grave. Maintenant, dans la réalité du quotidien de l'ensemble de ces gens impactés, c'est vrai qu'on a déjà pris une série de dispositions, nous continuerons à évaluer la situation sur le terrain, comme on le fait pour le sanitaire, et nous prendrons des mesures si nécessaires, qui doivent bien sûr être utiles, proportionnées et praticables".

Nous recevons beaucoup de questions, par exemple, de la part de gérants par exemple de snacks, de friteries ou de Food Trucks. Ils ne comprennent pas très bien s'ils sont concernés par les mesures, s'ils vont devoir fermer leur établissement.

"Ce qui est toujours important, quand il y a une mesure, c'est de comprendre le rationnel qui est derrière. Il y a différents rationnels: il y a le nombre de personnes qui se réunissent, il y a la mixité d'âge, se réunissent-ils dans des lieux ouverts ou des lieux fermés ? Pendant combien de temps ? Vous comprendrez bien qu'on ne va pas traiter de la même manière un restaurant où les gens sont les uns à côté des autres pendant longtemps, où il y a une mixité de personnes, qu'un take-away, où je vais chercher la nourriture et je repas immédiatement. Tout ce qui est livraison de nourriture, où on peut aller chercher, dans un snack, un sandwich et repartir immédiatement, là, il n'y a pas de difficulté".

Pour les commerces, la fermeture le week-end quand ce n'est pas de l'alimentation, ça veut dire qu'il y aura des contrôles ? Qu'on va demander au gouverneur, au bourgmestre, de s'assurer que toutes ces mesures sont bien appliquées.

"Bien sûr, et c'est le cas depuis le début. L'ensemble des mesures, on l'avait déjà dit en début de semaine, quand on avait pris d'autres mesures, pour qu'elles soient applicables et appliquées, elles doivent être exercées et mises en œuvre par le niveau local, par le bourgmestre ou le gouverneur. C'est vrai que le fait qu'on soit en phase "fédérale" va permettre une unité de commandement plus importante, une meilleure coordination, mais au bout du compte, ce sont toujours les autorités locales qui doivent faire exercer les décisions, et évidemment, on demande aussi au citoyen en tant qu'individu responsable, pour lui-même, mais aussi pour les autres, de se plier aux recommandations".

Gabriel nous demande pourquoi les galeries commerciales restent tout de même ouvertes?

"La règle, c'est que tous les magasins sont ouverts pendant la semaine. Le week-end, seuls les magasins alimentaires et les pharmacies seront ouvertes, les autres seront fermées. Vous savez que dans certaines galeries commerciales, il y a des supermarchés et des pharmacies, et nous voulons pouvoir donner et garder l'accès à ces magasins-là. Vous comprendrez aussi que la décision ayant été prise hier soir, nous avons proposé qu'elle soit mise en exécution à partir d'aujourd'hui minuit, dans la nuit de vendredi à samedi, pour laisser 24 heures de temps pour affiner l'exécution, la prise des arrêtés, pour les rendre applicables et aussi pour répondre aux différentes questions qui peuvent se poser".

On a compris qu'il y avait des sensibilités différentes entre francophones et néerlandophones sur la gestion de cette crise. Aujourd'hui, Sophie Wilmès, Première ministre, vous demandez à tout le monde d'appliquer les mesures prises par le Conseil de sécurité. C'est une question de loyauté fédérale ?

"C'est d'abord une question de responsabilités envers la population. Quand vous faites de la politique, vous vous engagez pour le bien général, peu importe que les gens soient francophones, néerlandophones, germanophones, peu importe d'où ils viennent. Il ne me traverse même pas l'esprit que l'on puisse, pour des raisons politiques obscures, contester les décisions qui sont prises, parce que je le rappelle, elles sont non seulement prises sur la base de recommandations de scientifiques, mais surtout, dans l'intérêt de la population".

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