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80 ans de la Bataille des Ardennes: "J'avais 13 ans quand la guerre a commencé", témoigne un vétéran

Le roi Philippe et la reine Mathilde assisteront ce samedi aux côtés des souverains luxembourgeois, mais aussi des Premiers ministres belge et luxembourgeois, de vétérans et de hauts représentants des pays belligérants aux commémorations du 80e anniversaire du début de la sanglante Bataille des Ardennes. 

Après le défilé patriotique, le roi Philippe et la reine Mathilde débuteront leur visite commémorative du 80e anniversaire de la Bataille des Ardennes. Ils déposeront des fleurs près du monument McAuliffe 

Le couple royal va aussi rendre hommage aux vétérans. Un discours du Roi est également attendu dans l'après-midi. Autre moment fort de cette journée de commémoration, ce sera le jet de noix depuis le balcon de l'hôtel de ville: une tradition à Bastogne pour les commémorations. C'est une référence au 'Nuts!' du général McAuliffe. C'était sa réponse à la proposition de reddition qui a été formulée par les Allemands pour les Alliés.

"Bastogne est un lieu symbolique parce que cette ville n'a pas été prise. Donc du fait de la difficulté de la bataille, du temps exécrable, c'est devenu dans les mœurs une bataille terrible", déclare Quentin Lison, fondateur de l'association The Jackets. 

De nombreux vétérans présents

Pour l'occasion, de nombreux vétérans ont fait le déplacement. Malgré leur âge avancé, ils tenaient à être présents, comme chaque année, pour partager leur vécu de cette terrible Bataille des Ardennes. "C'est pour eux une façon d'honorer leurs copains qui n'ont pas eu la chance de s'en sortir malheureusement. De ne pas oublier et de revenir sur les lieux où ils ont combattu il y a 80 ans", explique Quentin Lison, fondateur de l'association The Jackets. 

L'un des vétérans présents a 98 ans aujourd'hui. Il se rappelle: "J'avais 13 ans au moment quand la guerre a commencé et je me suis directement engagé dans la résistance", explique-t-il. "J'ai commencé par la presse clandestine, c'est-à-dire imprimer les journaux clandestins, ce qui était très dangereux pour nous parce que les Allemands en propagande étaient passés maîtres dans l'art. Et sur 3000 personnes qui ont été reconnues, il y en a 1000 qui sont mortes dans le camp de concentration. De là, je suis passé à l'Armée secrète et à l'Armée secrète, j'ai fait différentes missions". Notre témoin est ensuite passé à l'armée comme volontaire de guerre. "J'avais une tradition de famille de vivre pour le roi et la patrie et c'est cette devise-là qu'on a eue bien vivante pendant toute l'année. J'ai une fierté d'avoir fait mon travail, mais surtout un grand hommage pour tous les morts."

Rappel historique

Il y a 80 ans, le 16 décembre 1944 à l'aube, le Troisième Reich lançait une offensive militaire de grande ampleur dans les Ardennes dans le but de reprendre le port d'Anvers afin d'empêcher le ravitaillement des troupes alliées.  

Le mauvais temps et l'effet de surprise allaient être fatals aux libérateurs: pris de court, ils ne purent empêcher les chars allemands d'enfoncer leurs défenses et de se ruer sur Saint-Vith, alors nœud stratégique de communication.  

Le but du Führer était de reprendre le port d'Anvers et couper les armées alliées en deux pour pouvoir négocier un cessez-le-feu séparé avec le président américain Franklin Roosevelt, et le Premier ministre britannique Winston Churchill.  

Il lance alors ses dernières force dans la bataille, envoyant même de jeunes recrues sommairement instruites au combat. Face à face, deux grands stratèges militaires: le maréchal Gerd von Rundstedt pour l'Allemagne, le général George S. Patton pour les alliés.  

Dernière chance d'Hitler, qui sait que la défaite sonnera le glas du IIIe Reich, la bataille qui s'engage est aussi la plus grande offensive à laquelle aient participé des GI's à ce jour.  

Les Allemands sont supérieurs en nombre (20 divisions, soit à peu près 250.000 hommes), mais ne dominent pas le ciel (l'aviation alliée est depuis longtemps maîtresse des airs) et connaissent surtout une grave pénurie de carburant, le dirigeant soviétique Joseph Staline leur ayant repris les champs pétrolifères de Roumanie.  

Au début de l'offensive, les 6 divisions alliées ne comptaient pour leur part que 80.000 hommes. Très vite, Bastogne est reprise et encerclée. La ville, qui n'a jamais constitué un objectif stratégique, restera célèbre par la résistance héroïque des GI's et le fameux "nuts" ("des nèfles!") que le général Anthony McAuliffe lança aux Allemands qui lui proposaient la reddition des troupes alliées. La Wehrmarcht fonce sur Saint-Vith, passage obligé vers Anvers, mais aussi sur Bruxelles.  

Le commandant suprême des troupes alliées, le général américain Dwight Eisenhower, comprend très vite la menace qui pèse sur l'unité du front allié. Le 17 décembre, il ordonne à toutes les forces blindées de se porter vers le secteur menacé.  

Le temps, jusqu'alors exécrable, redevient favorable aux Alliés: l'aviation peut enfin décoller. Le siège de Bastogne prend fin le 26 décembre, il aura duré toute une semaine. Cette "deuxième libération" marque la fin des derniers espoirs allemands: écrasés par les bombardements, subissant de lourdes pertes en hommes, ils se replient peu à peu sur le Rhin.

Le 20 janvier, les troupes de la Werhmacht se retrouvent à leur point de départ initial. C'est la fin de ce que l'histoire retiendra comme "l'offensive des Ardennes".

Au total, plus d'un million de combattants se seront affrontés sur le sol ardennais pendant cet hiver 1944. Cet épisode sanglant aura coûté la vie à plus de 82.000 soldats alliés sur les 560.000 engagés, tandis que 100.000 Allemands sur les 600.000 engagés ne reviendront pas. Un chiffre auquel, il faut encore ajouter quelque 2.500 victimes civiles belges. 

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