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Le président de la Royale Amicale des Accordéonistes Dolhaintois nous a raconté les préjugés dont souffre son instrument de prédilection. Il propose un concert où les classiques de l’accordéon se mêleront à des musiques plus actuelles.
Jean-Noël nous a contactés via notre bouton orange Alertez-nous pour que la Royale Amicale des Accordéonistes Dolhaintois, dont il est le président, puisse bénéficier d’un "petit coup de pub" en vue de leur prochain concert. L’objectif est avant tout de permettre à cette société amicale de subsister. Car l’accordéon ne connaissant plus son "heure de gloire", explique ce jeune homme de 31 ans, il faut sans cesse trouver de "nouvelles astuces" pour que cette société "certes atypique, mais intéressante culturellement" puisse continuer à vivre.
60 ans d'histoire
La Royale Amicale des Accordéonistes Dolhaintois a été créée en 1956 par Joseph de Jardin. À l’origine, ce professeur d’accordéon avait rassemblé ses étudiants pour donner un seul concert. 60 ans après, l’histoire se poursuit sans son initiateur, décédé il y a 10 ans. Jean-Noël, qui a rejoint l’amicale à l’âge de 12 ans, en a repris la présidence il y a deux ans.
La société compte actuellement 20, 25 musiciens, de 22 à plus de 80 ans. Seuls 8 d’entre eux ont moins de 40 ans. "Avant on tournait autour d’une quarantaine de musiciens", se souvient Jean-Noël.
L'accordéon, c'est plus que le valse musette
La Royale Amicale des Accordéonistes Dolhaintois a de plus en plus de mal à exister, en dépit de son affiliation à l’APSAM, l’Association pour le Promotion des Sociétés d’Art Musical, qui regroupe ce type de sociétés musicales amateur dans la province de Liège.
Jean-Marie Xhonneux, président de APSAM, regrette que l’accordéon soit victime de son image vieillotte : "C’est un instrument qui subit des préjugés parce qu’on le relègue au musette, ou on considère que c’est dépassé. La moyenne d’âge des musiciens étant élevée, ces ensembles disparaissent naturellement. Il n’y a pas assez de jeunes qui ont envie de s’investir là-dedans."
La Royale Amicale des Accordéonistes Dolhaintois survit malgré les difficultés
La mort de Joseph de Jardin, le fondateur de la Royale Amicale des Accordéonistes Dolhaintois fut évidemment un coup dur. Ce passionné de musique a dirigé l’amicale pendant 50 ans. Il écrivait lui-même les arrangements spécifiquement pour les accordéonistes. Une compétence qui se fait de plus en plus rare, estime Jean-Noël. "C’est un travail de fourmi. Il faut avoir l’envie et les capacités", explique-t-il. Aujourd’hui, il commande généralement les partitions sur internet.
Si la Royale Amicale des Accordéonistes a tendance à décliner, c’est aussi pour des raisons économiques, affirme Jean-Noël. La société n’a pas beaucoup de frais, mais il faut bien les payer, explique le président qui cite pêle-mêle : le paiement de droits à la SABAM, le déplacement du matériel pour les concerts, l’achat de partition, l’affiliation à l’APSAM...
"Je pense que c’est aussi le cas des autres sociétés musicales, des harmonies, des fanfares qui sont dans des contextes de plus en plus difficiles", juge le président de l’amicale. "Les sociétés ont toujours plus de difficulté à faire rentrer de l’argent dans les caisses", poursuit-il. Jean-Noël évoque le cas d’une troupe d’accordéonistes de Malmedy qui a disparu.
Si des sociétés musicales ont disparu, ce type d'activité retrouve un certain attrait
Le président de l’APSAM regrette la disparition d’une quinzaine de sociétés musicales ces quinze dernières années. Mais il ne pense pas que la cause soit économique. Elle serait plutôt liée à "une baisse générale de la pratique instrumentale en amateur dans les années 80, 90", dont la raison est "complexe". Il évoque la "multiplication des activités de loisirs", au détriment de la musique. De plus, les médias n’attachent plus beaucoup d’importance à ces pratiques culturelles, estime-t-il, alors qu’il y a une quarantaine d’année, "il y avait systématiquement un compte rendu dans le journal local avec un petite critique du concert".
Néanmoins, les sociétés musicales (fanfares, harmonies, ensembles et orchestres...) semblent retrouver du dynamisme ces dernières années. "Il y a peut-être une prise de conscience, les gens cherchent à retrouver une pratique collective, une convivialité et ne pas rester seul devant internet", note le président de l’APSAM.
Jean-Marie Xhonneux évoque le cas d’un ensemble de mandolines, confronté aux mêmes problèmes que la Royale Amicale des Accordéonistes Dolhaintois. "Ils ont trouvé la parade en organisant des concerts avec d’autres musiciens, comme des ensemble vocaux", explique-t-il. Pour attirer un nouveau public, Jean-Noël et sa troupe tentent aussi de nouvelles choses, en jouant notamment des musiques plus modernes : du disco, du rock ou de la pop.
Rendez-vous le 11 mars à Dolhain
Samedi 11 mars à 19h30 à la salle "Le Kursaal" à Dolhain (Limbourg), la troupe d’accordéonistes interprétera d’abord un classique du musette de Charles Demaele. Puis des morceaux plus inattendus à l’accordéon, comme un medley des musiques d’Ennio Morricone, le tube de Gloria Gaynor I Will Survive ou Africa de Toto. "Il faut continuer à plaire à ceux qui aiment l’accordéon à la base, et essayer de plaire à un autre public", explique le jeune président de l’amicale.