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Un groupe de militaires a lancé une tentative de coup d'état ce vendredi vers 22h en Turquie. Suite à un appel du président Recep Erdogan, de nombreux Turcs sont descendus dans les rues pour lui apporter leur soutien. Ce samedi matin, Recep Erdogan a repris la main et son Premier ministre a annoncé la fin de la tentative de putsch. Le coup d'état avorté a fait 265 morts dont 104 putschistes et 1.440 blessés selon le Premier ministre.
Un groupe de putschistes au sein de l'armée turque a affirmé vendredi en milieu de soirée avoir pris le pouvoir en Turquie, alors que militaires et tanks se déployaient à Istanbul, la capitale économique, et Ankara, la capitale politique. La chaîne publique a annoncé l'imposition d'un couvre-feu et de la loi martiale dans tout le pays. Mais au fur et à mesure des heures, il semblait que l'avantage tournait en faveur du président Erdogan qui avait appelé la population à le soutenir en descendant dans la rue.
Des coups de feu sporadiques étaient toujours audibles au petit matin dans plusieurs quartiers d'Ankara et d'Istanbul, après une nuit marquée par des explosions causées, selon les médias, par des bombardements aériens.
Ce samedi matin, le président Recep Erdogan a repris la main et le général Ümit Dündar, chef de l'armée turque par intérim a annoncé que "Cette tentative de coup a été mise en échec". Malgré cette annonce, le président Erdogan a demandé aux Turcs de rester dans les rues. "Nous devons continuer à être maîtres des rues (...) car une nouvelle flambée est toujours possible", a-t-il déclaré dans un message sur Twitter.
Ce samedi matin, alors que le soleil se levait, plusieurs médias et agences de presse relayaient des images montrant des soldats se faisant lyncher par la foule après la tentative de coup d'état.
Le bilan humain du coup d'état avorté
Les affrontements, qui ont donné lieu à des scènes de violences inédites à Ankara et Istanbul depuis des décennies, ont fait 265 morts dont 104 putschistes et 1.440 blessés selon le Premier ministre.
2.839 militaires ont été arrêtés. Cinq généraux et 29 colonels ont été démis de leurs fonctions sur ordre du ministre de l'Intérieur Efkan Ala, a précisé l'agence. Selon une télévision turque, le chef de l'armée a été libéré des putschistes et conduit en lieu sûr.
Le déroulement de la tentative de putsch et les moments forts
Vers 22h: le moment où les putschistes tentent de renverser le pouvoir
C'est aux alentours de 22h qu'un groupe de militaires passe à l'action et lance la tentative de coup d'état. Pendant ce temps, le président Recep Erdogan est en vacances sur la côte turque. Les putschistes bloquent partiellement les ponts qui enjambent le Bosphore à Istanbul dans le sens Asie-Europe. Les putschistes, qui signent leur communiqué par "Conseil de la paix dans le pays", prennent d'assaut la chaîne de télévision publique TRT et fait diffuser un message aux citoyens. "Nous ne permettrons pas que l'ordre public soit dégradé en Turquie (...) Un couvre-feu est imposé sur le pays jusqu'à nouvel ordre".
A Istanbul, des grandes artères menant notamment à la place Taksim, dans le centre de la première métropole de Turquie, étaient bloquées par les forces de l'ordre et la présence policière était importante dans les rues. Annonçant avoir pris le pouvoir, les putschistes ont, dans un communiqué publié sur le site internet de l'état-major des armées, expliqué qu'"il y a une prise de pouvoir totale dans le pays".
Cette action a été menée "afin d'assurer et de restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de L'Homme et les libertés et laisser la loi suprême du pays prévaloir". "Tous nos accords et engagements internationaux restent valident. Nous espérons que nos bonnes relations continueront avec les autres pays", poursuit le texte. Le chef d'état-major était l'"otage" des militaires putschistes, ont affirmé des chaînes de télévisions et l'agence pro-gouvernementale Anatolie.
Vers 23h: l'intervention en "Facetime" qui a probablement permis à Erdogan de sauver sa présidence
Alors que la chaîne CNN Türk couvre le coup d'état, la rédaction entre en contact avec le président Recep Erdogan. Celui-ci intervient en direct sur smartphone via l'application "Facetime" pour dénoncer un "soulèvement d'un minorité au sein de l'armée" (TV) et a appeler les Turcs à descendre dans les rues pour résister à la tentative de coup d'Etat. L'homme fort de Turquie qui s'est exprimé par téléphone a dit: "Je ne pense absolument pas que ces putschistes réussiront" et de promettre "une riposte très forte". Le président turc est "dans un lieu sûr", a indiqué une source présidentielle.
Suite à ses déclarations, des milliers, peut-être des millions, de Turcs sortent dans les rues pour lui apporter son soutien et s'opposer au coup d'état. C'est peut-être grâce à son intervention rapide via Facetime et à son appel à la mobilisation que le président est finalement parvenu à contrecarrer les plans des putschistes.
La mobilisation décisive de nombreux Turcs, une nuit et une matinée de violences
Vers 1h du matin, on rapportait que les putschistes avaient tiré sur la foule à Istanbul, notamment sur le fameux pont qui enjambe le Bosphore, et fait deux morts et des blessés.
La télévision d'Etat annonçait à peu près à la même heure que 17 policiers auraient été tués par les putschistes lors d'une attaque aérienne sur le siège des services de renseignement à Ankara. Des médias constataient aussi que des chars des putschistes encerclaient le parlement où des explosions auraient été entendues.
Dans le même temps, le Premier ministre annonçait que plusieurs instigateurs du coup d'Etat avaient été arrêtés. Une affirmation qui restait à vérifier. Cependant, plusieurs vidéos circulaient sur les réseaux sociaux et montraient des soldats putschistes visiblement neutralisés par la police. Quant à d'autres soldats ou tanks, ils semblaient finir par céder face à la population qui leur faisait face. On peut voir d'ailleurs une confrontation très représentative au bas de cet article dans
Des milliers de Turcs dans la rue pour s'opposer au coup d'Etat
Des milliers de Turcs sont descendus dans les rues d'Ankara et d'Istanbul pour manifester leur opposition au coup d'état. On observait notamment des gens assis sur des chars à l'arrêt, d'autres prendre le contrôle du tarmac de l'aéroport d'Istanbul, fermé comme tous les autres suite au coup d'état.
Vers 2h30 du matin, le Premier ministre turc annonçait que la situation était largement sous contrôle. Plusieurs chefs d'état-major importants de l'armée turque apparaissaient sur la chaîne NTV pour dénoncer la tentative de coup d'Etat en cours en Turquie, menée selon eux par une faction minoritaire au sein des forces armées. Enfin, le président atterrissait à Istanbul en milieu de nuit, signe que la situation se calmait.
Vers 5h30, les agences de presse annonçaient qu'un avion avait largué une bombe près du palais présidentiel à Ankara, d'où s'élevait une épaisse colonne de fumée. Cette zone est située dans le quartier de Bestepe, une banlieue de la capitale turque abritant le grand complexe présidentiel de Recep Tayyip Erdogan, qui se trouvait à Istanbul au moment de l'attaque, selon la chaîne d'information NTV.
Une heure après le bombardement du palais présidentiel, des avions de chasse turcs F-16 ont bombardé des chars des putschistes déployés aux alentours du palais présidentiel dans une banlieue de la capitale Ankara, a indiqué une source de la présidence turque. Les deux ponts surplombant le Bosphore avaient été fermés à la circulation vendredi soir au début de ce qui a constitué une tentative de coup d'Etat, selon le président et le gouvernement turcs.
Une unité de l'armée turque composée de près de 60 soldats rebelles, qui avaient investi dans la nuit l'un des ponts suspendus enjambant le Bosphore à Istanbul, s'est rendue samedi matin aux forces de sécurité, en direct à la télévision.
Durant la nuit: Erdogan atterrit à Istanbul et reste dans l'aéroport
Durant la nuit, à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, où l'attendait une foule compacte de sympathisants, M. Erdogan a dénoncé tôt samedi "une trahison" menée depuis plusieurs heures par des soldats putschistes, qu'il a accusés d'être liés à son ennemi juré Fethullah Gülen, un imam exilé depuis des années aux Etats-Unis.
Après que son Premier ministre Binali Yildirim a assuré que tout était "largement sous contrôle", le président turc Recep Tayyip Erdogan était moins affirmatif, déclarant samedi avant l'aube qu'il "y a en Turquie un gouvernement et un président élus par le peuple" et que "si Dieu le veut, nous allons surmonter cette épreuve". "Ceux qui sont descendus avec des chars seront capturés car ces chars ne leur appartiennent pas", a ajouté M. Erdogan. Il a félicité les Turcs pour être descendus "par millions" dans les rues pour défendre la nation, notamment sur l'emblématique place Taksim à Istanbul, noire d'opposants au putsch.
Samedi matin: chasse aux coupables, Recep Erdogan reprend la main
Le Premier ministre turc Binali Yildirim a annoncé samedi matin avoir nommé un nouveau chef d'état-major par intérim, pour remplacer le général Hulusi Akar qui serait prisonnier des militaires auteurs de la tentative de putsch en Turquie.
L'aéroport international Atatürk à Istanbul a relancé ses activités normales samedi vers 6h00 (05h00 en Belgique), indique l'agence Anadolu. La compagnie Turkish Airlines opère ainsi normalement.
Alors que le soleil est levé, le bilan humain de la tentative de coup d'état s'alourdit d'heure en heure. D'abord quarante, puis soixante, ensuite nonante, avant de finalement atteindre les 265 morts et plus de 1400 blessés ce samedi matin, parmi lesquels plus de cent putschistes.
Vers 10h, les opérations contre les putschistes se poursuivaient dans le quartier général de l'armée situé à Ankara. Cet endroit semblait alors constituer le dernier point d'appui des putschistes. Peu après, avant 11h, le chef de l'armée turque par intérim, Ümit Dündar, annonçait que la tentative de putsch militaire avait été mise en échec.
Durant la nuit, alors que les putschistes se rendaient progressivement ou se faisaient submerger par la population, des citoyens ont ciblé les soldats qui ont mené le coup d'état et ont lynché plusieurs d'entre eux. Au matin, plusieurs milliers de soldats avaient été arrêtés.
Fethullah Gülen, ennemi juré d'Erdogan, condamne fermement la tentative de coup d'Etat
Le prédicateur Fethullah Gülen, ennemi juré du président turc Recep Tayyip Erdogan, a condamné "dans les termes les plus forts" la tentative de coup d'Etat lancé vendredi soir en Turquie par des soldats rebelles, depuis les Etats-Unis où il réside. "J'ai souffert de plusieurs coups d'Etat militaires au cours des 50 dernières années et trouve donc particulièrement insultant d'être accusé d'avoir un quelconque lien avec cette tentative. Je réfute catégoriquement ces accusations", a indiqué dans un communiqué M. Gülen, qui a été accusé par M. Erdogan d'être lié aux militaires putschistes.