Partager:
Le président du cdH Benoit Lutgen était l’invité ce matin de la rédaction de Bel RTL. Il a répondu aux questions de Martin Buxant sur l’exclusion définitive de son parti de la députée et conseillère communale schaerbeekoise Mahinur Özdemir pour avoir refusé de reconnaître le génocide arménien.
Martin Buxant: Hier le bureau du cdH a confirmé l'exclusion de Mahinur Özdemir du parti, la parlementaire voilée d'origine turque. Elle crie au déni de démocratie parce que, dit-elle, vous n'avez pas pris la peine de l'entendre.
Benoît Lutgen: Elle a été entendue à deux reprises. Une première fois au mois de mai et il y a quelques semaines par un comité ad hoc.
Ce qu'elle dit c'est que les statuts du cdH obligeaient le bureau politique à l'entendre.
Les statuts ont été respectés. Ecoutez, je vais vous dire une chose toute simple. On parle de quoi ? On parle de la reconnaissance d'un génocide qui s'appelle le génocide arménien. Madame Özdemir n'a jamais voulu prononcer quelques mots tout simples "je reconnais le génocide arménien". A plusieurs reprises elle est venue ici ou ailleurs, elle n'a même jamais prononcé ni le mot génocide, ni le mot arménien. Quand on est dans une formation politique, ma formation politique, qui est humaniste, qui met au cœur, quelque part, les liens humains, les droits humains, au cœur de son projet politique. Ça demande une exigence absolue, ça demande la clarté la plus forte possible. Et donc, oui, il n'y a pas la place pour les personnes qui sont dans l'ambigüité par rapport à quoi ? A un génocide. Un génocide c'est quoi ? C'est de vouloir exterminer chaque personne, jusqu'à la dernière, un peuple, une race particulière et d'aller jusqu'à la dernière personne, le dernier enfant pour l'exterminer, c'est ça un génocide. Comment voulez que je puisse accepter que dans ma formation politique, au cdH, des personnes comme celles-là qui restent dans l'ambigüité pourraient rester dans ma formation politique. Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, on vit en Belgique dans un pays où il y a des valeurs, qui sont des valeurs universelles, et qui s'imposent à tout le monde, à tous les citoyens, et rien ne peut empêcher cela, ça s'impose, les valeurs de tolérance, de respect, de reconnaissance de génocide, de lutte contre le racisme, de lutte contre la xénophobie, ça s'impose de façon très forte à chacun, quelle que soit son origine, quelle que soit sa religion, quelle que soit aussi sa non religion. Ça c'est un message très fort que je vous envoie et que j'envoie à tout le monde. Si on veut venir au cdH, il faut d'abord respecter ça.
Et est-ce que Mahinur Özdemir n'est pas finalement un exemple assez pratique pour montrer que le cdH a tourné la page en termes d'attrape-voix issus des communautés ?
Moi je m'occupe du cdH aujourd'hui, il n'est pas question d'être dans les attrapes-voix, il est question de faire avancer l'ensemble de la société. Chacun est le bienvenu s'il respecte effectivement cet engagement et d'être dans l'engagement fort, plein et entier à l'égard de ces valeurs universelles que j'ai citées tout à l'heure, quelle que soit à nouveau son origine, sa religion ou sa non-religion, sa croyance ou ses non-croyances, il est le bienvenu au cdH pour défendre cela et pour être au côté de la population, dans le respect absolu de ces valeurs.